Genus

Novembre 2024

Genus est né sous de bons auspices, en novembre 2011.
Durant près de 13 ans il  a été aimé, chien unique d’une dame dont il était le compagnon, le confident, l’âme soeur.

Et puis un jour de novembre 2024 le téléphone a retenti chez Laure: –  » Allô! Je suis bien chez Chow au Coeur, Je vous appelle pour le chien de ma soeur, un chow bien sûr. Elle est à l’ hopital et ne rentrera plus chez elle. On a bien essayé de le garder, comme on le lui avait promis, mais notre fox ne le supporte pas »
Dommage que la compatibilité du fox envers le chow n’ait pas été testée avant de faire la promesse…
Laure est allée chercher Genus en Normandie le lendemain même de l’appel.

Moi c’est Genus, et toi?

 

Pauvre Genus! Pauvre petit chien confiant, habitué aux câlins, aux partages, aux discussions avec maman. Car sa maman lui parlait beaucoup…
Clairement, les premiers jours Genus n’a rien compris à ce qui lui arrivait, il est resté serein, persuadé que maman reviendrait. Certainement l’habitude des allers-retours à l’ hopital….
Et puis il a commencé à trouver le temps long, il recherchait d’avantage la présence de Laure, il la suivait partout , cherchant à faire des activités avec elle, même la sieste à ses côtés, du moment qu’il n’était pas seul.
Alors Laure l’a emmené faire le marché, ils sont aussi tous les deux venus en visite au Chowpôle, deux fois. On isolait Boulki pour que Genus puisse sortir de voiture, on isolait Louki pour qu’il puisse se poser au salon, petits moments au cours desquels Genus redevenait le centre de l’attention.
Le 15 novembre il a fêté ses 13 ans, loin  de sa maman, pour toujours.
Et puis la neige est venue, il a aimé, une bonne journée de distraction au jardin…

A 13 ans, nous nous doutions bien que Genus ne passionnerait pas les foules, que nous ne recevrions pas des appels « amicaux » pour tâcher de se placer sur les rang des adoptants potentiels et que nous lirions plus des messages du genre « Oh! le pauvre, si je pouvais je le prendrais mais je peux pas« , avec des variantes: « Moi je les aime trop pour les voir mourir trop vite, mon petit coeur saignerait, ça me ferait trop mal » ou encore: « Ah! c’est bien ce que vous faites, moi je pourrais pas, c’est que je les aime moi, les chows« .
Ben voyons, nous on ne les aime pas.

C’est pour ça que nous avons conduit Genus sur la Côte d’Azur, l’endroit de rêve pour tous les retraités, qu’ils soient à 2 ou 4 pattes.
Et Genus , qui stresse en voiture, s’est endormi dans les bras de Laure, tous les deux biens installés à l’arrière. L’autoroute filait….
Sylvie conduisait. 10 h de route, 1 arrêt. Réveiller Genus le moins possible.
Nous on ne les aime pas, vous comprenez.

On ne les aime pas ces seniors qui n’ont plus devant eux que quelques mois de vie mais notre coeur saigne quand même en pensant à la misère qu’est devenue leur vie lorsque leur humain a disparu de leurs jours et de leurs nuits.
13 ans de vie commune, toute leur vie de chien.
On ne les aime pas mais on perçoit leur profonde detresse à ces fils ou fille uniques, objet jusque là de toutes les attentions, lorsqu’ils se retrouvent dans l’ambiance d’un refuge.
Trop de chiens.
L’obligation de séparer.
Les moments de solitude.
Les nuits tout seul alors qu’ on dormait avec maman.
Les petits bouts qui ne tombent plus de la table sous peine de bagarres.
Même s’il vit à l’interieur de la maison  un petit vieux de 13 ans ne s’intègre pas à un groupe de chiens déjà constitué.
Nous le savons bien, nous qui n’aimons pas les chiens.
Alors il fallait trouver à Genus des adoptants qui lui proposeraient le même style de vie que celle qu’il avait avec sa maîtresse, des gens qui n’aimeraient pas les chiens et dont le coeur fragile ne saignerait pas lorsqu’il partirait.

Je crois que j’ai trouvé…

Ces gens qui n’aiment pas les chiens il a suffit d’un coup de fil pour les trouver, sans tambour ni trompette, sans fiche FB partagée 10 000 fois avec  des commentaires d’un profond égoïsme à la clé, « C’est que MOI, j’aime les chiens je peux pas, mais vous? allez! un bon geste! »

Donc nous avons conduit Génus chez Eva et Lili, où il y a aussi un vieux carlin presque aveugle, Flaubert, et un chihuahua à la situation élevée, toujours dans les bras de son papa, Lynshun.
En somme, chez des gens qui n’aiment pas les chiens ….

Genus et Lili, Lynshun dans les bras

Eva et Lili n’ont pas beaucoup fait attention à Genus, elles vivent ensemble, à deux, heureuses l’une vec l’ autre, Eva très maternelle envers Lili, Lili plus proche des humains, plus câline qu’ Eva.
Cette absence d’interêt pour lui convient bien à notre vieux toutou qui n’aime pas particulièrement les agaceries.
Flaubert est plus contrariant pour Genus, car le pauvre n’y voit goutte et a tendance à le tamponner… Sophie: » Je vais lui donner des compléments alimentaires pour l’arthrose, et aussi on fera des injections de Librela. Notre ostéo a aussi énormément soulagé les filles, Eva ne boite plus. On fera une séance avec Genus. Peut être que s’il souffre moins des articulations il sera moins grincheux avec Flaubert, la douleur doit jouer« .
Quant à Lynshun, lui, il se dit que ce gros intrus ne risque pas de piquer sa place dans les bras de papa…..peut être tout au plus sur le canapé? « Ne lui soigne pas trop son arthrose, stp, ça lui ôtera l’envie de monter. »

Dans un mois, je grimperai là dessus…

Sa première nuit sur la Riviera, Genus l’a commencée lové contre Sylvie, puis il est descendu du lit, il fait chaud sous le climat azuréen.

Et au matin il a fallu se séparer.
1000 km encore pour aller retrouver ces chows…  qu’on n’aime pas.

Nous te souhaitons, merveilleux petit chien, de vivre assez longtemps pour connaître les orangers en fleurs, et le chant des cigales.
Nous te souhaitons de fêter  tes 14 ans comblé de caresses et de mots doux.
Nous te souhaitons, cher petit Genus, non pas d’oublier celle qui t’a aimé mais la force de continuer sans elle, le goût d’être heureux encore auprès de ta nouvelle famille qui t’aime déjà très fort.
Car il y a mille fois plus d’amour dans l’accueil d’un très vieux chien que dans l’achat  d’un chiot mignon dont on sait combien finissent  sur les reseaux sociaux , « la mort dans l’âme » bien sûr.
Il y a ceux qui aiment les chiens, et ceux qui s’aiment à travers leur chien.
A l’asso, nous sommes heureux et fiers de fédérer de vrais amoureux des chows.